24 nov. 2008

Perspectives du Collectif Equitess

Etape francilienne de préparation de la 4ème rencontre internationnale du Réseau Intercontinental de promotion de l'Economie Sociale et Solidaire à Luxembourg 2009

PERSPECTIVES DES PROJETS DANS LES ANNEES A VENIR DU COLLECTIF EQUITESS

Françoise Hutinet- Présidente du Collectif Equitess ( Fontenay sous bois le 18 novembre 2008)

La démarche sociopolitique initiée à partir de 2001 par un engagement volontaire et militant d'habitants d'un territoire urbain voulant transformer à long terme les dégats sociaux et économiques du tout libéral, suivi d'une mise en chantier d'un travail d'expertise et d'accompagnement vers les concepts et méthodes liéès aux champs de l'économie solidaire a construit une organisation novatrice à partir d'une idée collective d'agir ensemble, de mutualiser les compétences et d'hybrider les ressources.

Le choix du collectif de choisir l'angle économique , social et solidaire comme vecteur d'une réelle démocratisation de l'économie en profondeur, s'est traduit par la mise en oeuvre de la requalification d'un centre commercial et d'un espace public. Le collectif Equitess s'est engagé avec ses partenaires à créer un pôle d'activités avec coexistence et complémentarité entre commerces traditionnels et commerces et services solidaires lien entre le quartier et la ville.

Depuis Mai 2007, nous avons fait reconnaître la nécessité de professionnaliser la structure pour porter, accompagner et consolider les porteurs de projets et de garantir un travail d'ingènierie socioéconomique permettant le renforcement de la dynamique collective et une réalisation perènne du projet.

Cette dynamique collective volontaire et professionnelle a permis le renforcement de l'activité commerciale et sociale sur le quartier: ouverture du restaurant Macondo en novembre 2007, la consolidation de la boutique de commerce équitable a l'appui de trois salariées a temps plein , consolidation de l'ensemble des associations membres.
Aujourd'hui il est primordial de développer cette dynamique, à partir d'une pluralité économique , il est urgent de « Globaliser » la démarche de réappropriation par les habitants de leur espace public.

Espace public, lieu d'accès aux biens de consommation et lieu de convivialité et non plus perçu comme un lieu vide ou à moitié plein. Les besoins ne manquent pas, une boulangerie, un coiffeur, une supérette, une librairie, des services collectifs, des services à la personne.

Comme nous l'avons expérimenté ce week end par la mise en place d'un marché populaire et solidaire sur deux quartiers de la ville. Les retours de la population nous confortent sur la double attente, de la population urbaine qui veut avoir accés à des produits sains et bon marché, et celles des agriculteurs des Ardennes afin de développer leur activité maraichère . Il est question de recréer des liens nord/nord qui permettent de développer et maintenir la production agricole et familiale.

Ces initiatives montrent que le collectif dans une approche originale ne vise pas simplement à développer des commerces de proximité ou à repenser l'urbanisme ,mais à développer des initiatives locales répondant aux évolutions sociales démographiques et culturelles selon des modalités qui ne les insèrent pas uniquement dans l'économie de Marché.

L'économie solidaire à nos yeux et nous en sommes un exemple, peut présenter, bien au delà des questions d'insertion, un important gisement d'emplois de droit commun qui ont besoin d'une construction réfléchie qui permet un financement des coûts salariaux à partir d'investissement immatériel gage de qualité des prestations mises en place.

La question des emplois est essentielle dans la démarche du collectif, qui se pose dans la consolidation, la pérennisation et la création des emplois.
Et aussi notre engagement à la formation des personnes et à leur évolution professionnelle et citoyenne.

Ces aspects sont fondamentaux au vue de réinscrire et de réencastrer l'économique au coeur de la cité et du débat politique .
Comme le souligne Jean Louis Laville et Franck Pupunat dans une tribune accordée au journal « Politis » intitulée « Une opposition à la société de marché »
« Il apparaît primordial de pérenniser les initiatives de l'économie sociale et solidaire en créant des fonds territorialisés pour l'utilité sociale, mutualisant contributions d'entreprise et de collectivités territoriales.Ils pourraient reposer sur le redéploiement de financements existants et permettraient de promouvoir de nouvelle formes de négociation collective incluant partenaires sociaux , élus et représentants associatifs. De surcroit, cette approche légitimerait les affectations de fonds et stabiliserait les modalités d'hybridation des financements »

Le collectif Equitess depuis son origine a appliqué ces modes de négociations avec les financeurs potentiels, à travers la convention d'expérimentation d'intérêt régionale avec le Conseil Régional d'Ile de France, le Départementdu Val de Marne dans le cadre du mailllage des territoires par des entreprises de proximité, l'Etat dans le cadre du dispositif « Territoire et emploi », la Ville dans le soutien la première année d'une équipe salariée pour le portage du projet, les fondations (La Fondation de France sur le dispositif « Initiatives solidaires et création d'emploi », la Fondation Agir pour l'emploi de EDF, la Fondation RATP dans le soutien à l'investissement du restaurant Macondo).

Dans les jours à venir il nous faut absolument des garanties de financement sous forme de conventions pluriannuelles dans l'optique de continuer le travail engagé et d'aller au plus loin dans la revitalisation du centre commercial de quartier populaire, dans l'expérimentation d'une autre économie et dans le renforcement de la démocratie locale.

Trouver collectivement les réponses à la question du débat précédent ,de quelles coopérations cette dynamique a t-elle besoin pour consolider les résultats obtenus, encourager de nouvelles initiatives pour aller vers des modes de faire durables?

Cette journée est pour nous une étape: la présentation de notre démarche, des projets existants et à venir, votre regard, vos critiques sont pour nous des éléments d'avancée, nous souhaitons entretenir de nouveaux liens avec les partenaires qui ont répondus à notre invitation et à d'autres
.
Nous sommes convaincus que la mutualisation des expériences, l'ouverture aux autres, sur d'autres territoires urbains et ruraux, au niveau national et internationnal , la mise en place d'échanges est la garantie de la réussite du projet à long terme.

Nous proposons d'inventer de nouvelles formes de démocratie participative active et militante à travers une méthodologie, comme outil de transformation économique, urgentes à opérer pour le bien être collectif.
Les représentants des institutions publiques et privées doivent comprendre les enjeux sociaux, économiques et politiques l'importance que les projets d'économie solidaire réussissent, s'épanouiseent et se développent avec et pour le plus grand nombre.
Localement une fois l'étape de consolidation des projets menée, on pourrait envisager un statut juridique approprié dans le cadre de notre volonté d'une démocratisation économique, une forme coopérative associant institutions et population dans la gestion du centre commercial et du quartier.

Etape francelienne de préparation de la 4eme rencontre international du réseau intercontinental de promotion de l'économie sociale et solidaire




Les journées de l'étape francilienne de préparation du RIPESS 09 se sont bien déroulées et la participation de nos partenaires financiers et associatifs a été importante. Le compte rendu des deux journées seront bientôt prêt pour diffusion.

24 oct. 2008

Etape francelienne de préparation de la 4eme rencontre international du réseau intercontinental pour l'économie sociale et solidaire

LE COLLECTIF EQUITESS
LE COLLECTIF DES PACTES LOCAUX
L'ADELS
LE CONSEIL REGIONAL D'ILE DE FRANCE
vous invitent à participer
MARDI 18 NOVEMBRE 2008
A FONTENAY SOUS BOIS au
Centre commercial des Larris
MERCREDI 19 NOVEMBRE 2008
AU CONSEIL REGIONAL D'ILE DE FRANCE

A L'ETAPE FRANCILIENNE DE PREPARATION DE LA 4EME
RENCONTRE INTERNATIONALE DU RESEAU INTERCONTINENTAL
POUR L'ECONONIE SOCIALE ET SOLIDAIRE QUI SE DEROULERA DU
22 AU 25 AVRIL 2009 AU LUXEMBOURG


Découvrez le programme de ces deux journées de débats et de rencontres
La participation à ces deux journées est gratuite après inscription auprès du
Collectif EQUITESS (equitess@gmail.com ou au 01-49-74-97-81 )
Un mail de confirmation vous indiquera les modalités pratiques concernant ces deux journées



LE MATIN, ON ILLUSTRE

« Comment les habitants d'un territoire s’organisent-ils collectivement pour
initier de nouvelles pratiques socio-économiques répondant à leurs besoins
et contribuant au mieux vivre ensemble ? ».

9 H 30 : Accueil au Restaurant Macondo autour d’un petit déjeuner équitable
par Equitess (La présidente, Mme Hutinet) et les Pactes locaux (Martine
Théveniaux, déléguée générale)

10 H 30 – 13 H : Les participants se répartissent entre les différents ateliers
thématiques.

---> Comment favoriser la sensibilisation et les actions en faveur du
commerce équitable dans les quartiers populaires ?
Animé par Terroirs du monde associé avec PICIR

---> Comment des femmes et des mères de familles d'un quartier agissent
pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles en créant des
lieux de rencontres et d'échanges d'expériences ?
Animée par J’en Zay en Vie et le Café des mamans

---> Quelles actions culturelles et éducatives les habitants d'un quartier
peuvent ils créer pour réinvestir l'espace public local ?
Animé par Kaloumba et Nuevo concepto Latino

---> Comment créer des lieux de convivialité : restaurant, café associatif
etc… dans les quartiers ?
Animé l'association Montevideo-Macondo associé à l'ADEL

---> Comment les habitants, notamment les migrants, peuvent-ils participer
aux actions de coopération décentralisée et de jumelage avec des collectivités
territoriales, en s’appuyant sur les expériences de co-développement ?
À l'initiative d'élus locaux en charge de la coopération décentralisée dans leur
commune, avec une présentation de projets de solidarité menés par des
jeunes, Alain Laurent TER_RES (Tourisme responsable et FITS 08 BAMAKO)

13 H – 14 H 30 : Déjeuner au Restaurant MACONDO

L'APRES-MIDI, ON DEBAT
14 H 30 – 15 H 30

EQUITESS, une démarche innovante de réappropriation socio-économique
d'un centre commercial de proximité par des habitants, par Laurent Gardin
(CRIDA)
L’élaboration concertée d’indicateurs de cohésion sociale au niveau
local, L’exemple de Mulhouse, par Madame Godfroy, chargée de mission
déléguée pour le projet "Mulhouse : territoire responsable"
15 H 30 – 16 H 30

Mises en commun des ateliers en vue de la préparation des principales
conclusions qui seront présentées en introduction le lendemain matin.
16 H 30 – 17 H 30

Table-ronde avec les partenaires du Collectif EQUITESS aux différentes
échelles territoriales : « Comment les habitants d'un territoire s’organisent-ils
collectivement pour initier de nouvelles pratiques socio-économiques
répondant à leurs besoins et contribuant au mieux vivre ensemble ? ».
Avec les interventions d'élus et de représentants de collectivités locales,
départementales, régionale et nationale
17 H 45 – 18 H 30

Les membres du Collectif EQUITESS et leur présidente Françoise Hutinet
présentent leurs projets pour les années à venir
20 H – 22 H
Soirée proposée par les deux jeunes animateurs de « l'écoblogtrotter » au
Musique au Comptoir à la halle Roublot

26 sept. 2008

Quinzaine de commémoration pour Salvador Allende


L'association Nuevo concepto Latino participe à la Quinzaine de commémoration pour Salvador Allende. Programme :
- du 30 septembre au 11 octobre : Exposition sur Salvador Allende à la Maison de Citoyen
- Mardi 30 septembre
18h30 Vernissage en musique de l'exposition
20h Projection et discussion du documentaire "La spirale"
- Samedi 04 octobre : Commémoration au complexe sportif Salvador Allende et dépôt de fleurs à la place de l'amitié entre les peuples.

24 sept. 2008

Festi solies



Plus de 150 personnes ont participé à la journée "Compter autrement", dans le cadre du Festival Festi solies. Cette journée, qui a eu lieu à l'espace intergénerationnel, a été réalisé en partenariat avec le Collectif Equitess. Nous remercions la présence des lycéens de Pablo Picasso. Voilà quelques photos de la manifestation.

11 sept. 2008

Nouveaux horaires d'ouverture du Restaurant Macondo

Le restaurant Macondo a ouvert ses portes depuis le mardi 09 septembre avec des nouveaux horaires. Le restaurant ouvre du mardi au samedi midi. Contact aux téléphones : 01 41 95 86 18 ou au 06 80 36 73 69.

8 sept. 2008

Participation à Festi solies

Le collectif Equitess vous invite tous à participer à la journée thématique "Compter autrement", dans le cadre du Festi soleils(Festival des initiatives citoyennes écologiques et solidaires). Cette journée aura lieu le samedi 20 septembre à l'espace intergénérationnel situé au quartier des Larris, Fontenay sous Bois. Programme:
10h-12h Rencontre avec P. Viveret C. Héber-Suffrin "Qu'est- ce que la richesse ?"
12-14h Déjeuner équitable au Macondo (sur réservation)
14h-16 Table-ronde "épargner et investir : quelles alternatives au CAC 40?"
- Modérateur : PD Russo(journaliste)
- Intervenants : O. Nicol (Cigales et Garrigue), V. Lagalaye (La Nef), H. de Beaumont (Tech-Dev-Fonds Afrique)
- 16h-17h30 Parcours avec le Collectif Equitess: L'économie solidairecomme outil de développement local"
-17h30-19h Apéro-concert

10 juil. 2008

Remise de prix Créarif 2008



Le restaurant Macondo a été lauréat du premier prix Créarif 2008. Les remises de chèques et et un repas conviial ont été réalisés le mercredi 09 juillet 2008 au restaurant par l'Atelier, centre des ressources de l'économie sociale et solidaire du Conseil Régional Ile de France.

8 juil. 2008

Fontenay sous soleil

Organisé depuis 2005, Fontenay sous soleil a pour but de permettre aux personnes qui ne peuvent pas partir en vacances de passer des bons moments pendant l'été. Quatre membres d'Equitess seront présentes sur Fontenay sous soleil cette année: Terroirs du Monde et Montevideo tiendrons l'espace restaurant du 12 au 28 juillet, Nuevo Concepto Latino organise plusieurs animations musicales et l'association Kaloumba sera présent avec les jeux du monde.

21 mars 2008

La Mission d'expertise

Mission d’expertise et d’accompagnement de l’association

« Terroirs du Monde »

pour son projet de redynamisation du

Centre Commercial du Quartier des Larris

à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne)

RAPPORT FINAL

Décembre 2006

Agence pour le Développement des Services de Proximité

Christine Bourdel, Joël Cacciaguerra, Guy Michel

ADSP

4-6 rue Pouchet

75001 Paris

01 42 86 08 80

adsp@ext.jussieu.fr

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Centre de Recherche et d’Information sur la Démocratie et l’Autonomie

Laurent Gardin

CRIDA

2 passage Flourens

75017 Paris

01 40 25 10 85

crida@ext.jussieu.fr

Réseau 21 – Université de Valenciennes

Christian Tytgat

Réseau 21

UVHC - Les Tertiales

rue des Cent Têtes

59 313 Valencienne cedex 9

03 27 51 77 17

reseau21@univ-valenciennes.fr

EQUITESS

Jean-Philippe Gautrais

Collectif EQUITESS

Centre Commercial des Larris

94120 Fontenay-sous-Bois

01 49 74 97 81

terroirsdumonde@gmail.com

Sommaire

Genèse de la mission 3

Mise en œuvre 7

Accompagnement 9

Analyses

Modélisation de « Terroirs du Monde » 13

Dynamique socio-économique Larris et EQUITESS 20

Conclusion et perspectives 28

Les outils juridiques et financiers du projet EQUITESS 30

Le Collectif EQUITESS 37

La Boutique culturelle 39

Le Restaurant associatif et culturel 40


Genèse de la mission

La mission s’est déroulée de septembre 2005 à novembre 2006. Elle a eu pour cadre la ville de Fontenay-sous-Bois, commune du Val-de-Marne située en limite de Paris (Bois de Vincennes) et du département de Seine-Saint-Denis. L’INSEE estimait sa population à 52.000 habitants en 2004. La géographie urbaine distingue d’un côté le Vieux Fontenay, qui s’est développé à l’ouest vers Paris et Vincennes et de l’autre, à l’est, le Grand Ensemble (ex ZUP), dont la réalisation a démarré dans les années 60.

Avec ses 8.000 habitants, le quartier des Larris au centre du projet et de la mission est une illustration de la conception initiale de la ZUP de la Plaine, ce quartier étant l’un des premiers réalisés. Il se caractérise par des dalles sur parkings de plus de 30.000 m2, ceinturées par des voiries en chicane. Ces dalles sont en co-propriété de même que le centre commercial qui y est implanté ainsi que les parkings sous les dalles. Aux dires des initiateurs du projet, il réunit les problèmes socio-économiques propres aux grands ensembles : centre commercial en déclin, développement de la délinquance, augmentation des incivilités, familles en difficultés, risque de délitement social dû à l’insuffisance d’équipements publics et au manque d’animations sociales et culturelles.

Terroirs du Monde

Les débats publics initiés lors des élections municipales de 2001 autour de ces problèmes et de la structuration du quartier ont amené un groupe d’habitants à engager une démarche politique afin de poursuivre cette dynamique de débats publics, d’initier, de renforcer et d’entretenir les liens sociaux, culturels et économiques dans la ville de Fontenay-sous-Bois.

Dans ce but, ils ont créé en mai 2003 l’association « Terroirs du Monde » et ont investi l’espace public en ouvrant dans le centre commercial une boutique de vente de produits issus du commerce équitable. On trouve dans cette démarche la volonté de faire appel à des valeurs de solidarités internationales fondées sur une remise en cause du système économique actuel et l’ambition de développer à partir de ce lieu différentes initiatives sur le quartier et sur la ville.

En participant activement à la vie sociale du quartier dans le but de favoriser les liens entre les habitants et susciter leur participation aux activités du quartier, elle a mis progressivement en évidence la nécessité de construire un projet global qui présenterait une solution réaliste et viable pour l’ensemble du centre commercial.

Le projet « EQUITESS »

Ce projet dénommé « EQUITESS » consistait à transformer le centre commercial des Larris en pôle d’activités d’insertion, de formation, d’éducation, fédérateur des acteurs de l’économie solidaire. Il avait pour but de réinvestir cet espace délaissé par les commerces traditionnels par la création de nouvelles activités économiques et sociales répondant aux besoins et demandes des habitants. Il s’est enrichi des apports de la formation du Président de l’association qui en a fait le sujet de son mémoire dans le cadre du Master « Développement local et économie solidaire » à l’Université de Valenciennes (année universitaire 2004/2005).

La mission d’expertise et d’accompagnement

L’association a ressenti le besoin d’un appui externe pour l’aider dans la réalisation de son projet, notamment sur deux dimensions :

- une dimension d’expertise visant à crédibiliser le projet de réhabilitation du centre commercial vis-à-vis des politiques publiques, des élus (essentiellement locaux, départementaux, régionaux) et des financeurs potentiels ;

- une dimension d’accompagnement visant à faciliter l’émergence de projets d’activités sur le quartier et permettre l’expression des habitants et acteurs sur leurs besoins et attentes.

Pour ce faire, elle a réuni trois acteurs ayant chacun des compétences spécifiques en la matière et entretenant des rapports de coopération mutuelle sur d’autres actions :

- le CRIDA (Centre de Recherche et d’Information sur la Démocratie et l’Autonomie) sur l’analyse socio-économique ;

- l’ADSP (Agence pour le Développement des Services de Proximité) sur la méthodologie de projets collectifs ;

- RESEAU 21 (Centre de ressources sur l’économie solidaire et le développement durable de l’Université de Valenciennes) sur l’ingénierie juridique et financière.

Elle a obtenu les co-financements nécessaires à la mission en nouant un partenariat avec l’Etat, le Conseil Général du Val-de-Marne et la Ville de Fontenay-sous-Bois. La Région Ile-de-France, sollicitée au même titre, n’a pu s’inscrire dans ce partenariat.

La méthodologie générale

Les premières rencontres avec l’association ont permis de mesurer l’ancrage collectif du projet, l’état de sa formalisation et les partenariats positifs engagés. La méthodologie préconisée a pris en compte ces acquis. Elle s’est déclinée selon quatre étapes :

1°) la formalisation du projet avec notamment :

- le renforcement de l’identité collective par la mise en place d’un groupe opérationnel composé d’acteurs du quartier et de membres volontaires de « Terroirs du Monde »,

- l’expression d’un positionnement partagé sur les valeurs, finalités, buts et moyens.

2°) l’élaboration d’un scénario préfigurant le futur pôle et ses activités avec notamment :

- l’analyse de l’existant et le point de vue des commerçants en place,

- l’expression des besoins et demandes des habitants et acteurs,

- la prise en compte des politiques publiques et des projets d’urbanisme.

3°) la formulation des hypothèses de montages juridiques et financiers avec notamment :

- la prise en compte de la pluralité des économies,

- la mutualisation des moyens.

4°) la mise en discussion et la validation partenariale du scénario et des hypothèses de montage :

- au terme de la mission,

- pour la poursuite de la dynamique.

La mise en place d’un Comité de pilotage a été décidée afin d’associer au déroulement de la mission les partenaires co-financeurs : Etat, Conseil général, Ville, la Région étant invitée.

La réalisation

La mission d’expertise et d’accompagnement s’est engagée en septembre 2005 pour s’achever conventionnellement en novembre 2006 avec sa restitution à l’association en présence des acteurs impliqués.

Le présent rapport final établi en décembre 2006 développe son déroulement, les analyses des membres de la mission, leurs préconisations, le stade des projets accompagnés et notamment ceux dont la mise en œuvre est programmée dès 2007.

Mise en œuvre

Le CRIDA, RESEAU 21 et l’ADSP développent des compétences complémentaires et se retrouvent fréquemment sur des coopérations autour d’actions et d’interventions.

Les conditions dans lesquelles nous avons été amenés à réaliser cette mission sont peu communes : nous nous sommes rarement trouvés dans une situation où une association réunissant des habitants d’un quartier réussisse à mobiliser un partenariat inter institutionnel sur un projet à finalités sociales, politiques, économiques et culturelles s’affichant dans le champ de l’économie solidaire.

A la base de la demande de soutien qui nous a été faite voici un an, plusieurs aspects nous ont paru cohérents pour l’étayer : un centre commercial de quartier délaissé, un projet d’urbanisme concernant son environnement, un projet collectif, la volonté d’établir ou rétablir le lien entre le quartier et la ville, une dynamique d’acteurs potentielle…

En réponse, nous avons proposé une démarche méthodologique telle que présentée ci avant. Il ne s’agit donc ni d’une étude de marché, ni d’une étude de faisabilité, mais d’une appropriation collective et partenariale d’une démarche liée à un projet.

Un projet collectif partagé

Elle même en situation de « commercer » dans le centre en animant et gérant la boutique « Terroirs du Monde », l’association s’est appuyée sur son implantation pour définir les principes et objectifs du projet ainsi que les activités qui pourraient s’y rattacher.

Dans la mesure ou plusieurs de ces activités étaient pensées ou initiées par des acteurs associatifs du quartier, un portage plus collectif du projet prenait tout son sens. Un travail de repérage des acteurs du quartier et de la ville pouvant s’inscrire dans cette dynamique a abouti à l’invitation d’une quinzaine d’entre eux à une rencontre d’information et de sensibilisation au projet à l’issue de laquelle un groupe opérationnel s’est constitué.

Ce groupe s’est réuni régulièrement afin de mener un travail en commun sur les valeurs inhérentes au projet et son appropriation par chacun. Il a produit une meilleure interconnaissance entre acteurs se côtoyant déjà sur le quartier, de l’envie de faire ensemble, du partage et de l’entraide.

De ce travail est sorti le « Manifeste Equitess » qui a fondé l’identité collective du groupe et son positionnement sur le scénario à poursuivre, articulant le projet global et le projet de chacun de ses membres, orientant les relations du collectif avec les commerçants existants, les habitants et les politiques publiques.

Les habitants

Pour une partie des habitants, les commerces du quartier – mis à part la pharmacie - ont une fonction de dépannage sur du tout venant où la dimension interculturelle est appréciée. Pour une autre partie, la proximité, la dimension relationnelle, la possibilité d’acheter à crédit, les petits services proposés… en font le centre de leurs achats quotidiens.

La démarche méthodologique prévoyait de conduire avec les membres du groupe opérationnel un travail d’expression des demandes et attentes des habitants par rapport aux commerces existants et à venir. La réintroduction de nouveaux commerces (boucherie Hallal, sandwicherie, épicerie alimentaire et droguiste…) est apparue au collectif comme contradictoire avec le sens de cette consultation qui a décidé d’en reporter la mise en œuvre.

Pour autant, les membres du collectif et les adhérents de leurs structures étant eux-mêmes habitants du quartier, les activités dont la création est envisagée dans le cadre du projet ont une certaine légitimité et ont reçu un bon accueil de la part des autres habitants qu’ils ont pu interroger.

Les politiques publiques

Le projet « Equitess » rencontre un projet de rénovation urbaine porté par l’Etat et les collectivités tenant notamment à une réhabilitation complète du système de dalles organisant l’espace entre les immeubles d’habitations, les voies de circulation et le centre commercial.

Cette situation pourrait être favorable à une réhabilitation physique du centre lui-même, en repensant son architecture et son environnement, en apportant des aides à la mise aux normes des boutiques et à l’amélioration des conditions d’exercice des activités.

Accompagnement

L’accompagnement du collectif s’est organisé en utilisant les compétences des membres de la mission d’expertise, tant sur le projet global que sur les projets particuliers. Au niveau du collectif et de ses membres porteurs d’un projet, outre un appui individualisé en réponse à leurs demandes, des moments de formation collective ont permis une appropriation :

- du concept d’économie solidaire appliqué aux projets d’activités,

- des montages juridiques et financiers appropriés à cette conception,

et favorisé la perspective d’une mutualisation de moyens entre projets.

Ces avancées successives ont fait l’objet d’allers-retours, de mise en discussion et de validation avec les élus et responsables de services de la Ville, ainsi qu’au sein du Comité de pilotage qui s’est réuni à deux reprises durant cette mission.

L’ensemble de ces acteurs se sont retrouvés en novembre 2006 avec les membres du collectif pour une mise en discussion des premières conclusions de la mission et des perspectives.

Accompagnement du collectif et des porteurs de projets

L’accompagnement des acteurs du projet EQUITESS avait pour objectif de faciliter la mise en œuvre d’une cohésion dans la dynamique collective auprès des acteurs du projet par :

- un appui méthodologique à l’écriture collective durant la phase de formalisation du projet,

- un soutien a la formalisation des projets individuels des acteurs et la mise en perspective dans le projet et la dynamique collective,

- un soutien à l’animation et à la dynamique du groupe opérationnel entre les différentes étapes de formalisation collective du projet,

- l’amorce du travail de communication et d’appropriation du projet auprès des habitants et commerçants du quartier,

- la préparation de journées thématiques et de regroupements des acteurs locaux,

- le repérage et l’émergence au sein du groupe opérationnel des potentialités à la prise de responsabilité dans le cadre de la future conduite du projet.

Ce travail d’accompagnement et d’animation a été mené conjointement avec le président de l’association Terroirs du Monde. Cette collaboration étroite entre la mission d’expertise et un acteur essentiel du projet a facilité le travail de communication, de rencontre avec les acteurs locaux.

Durant quatre mois, à raison d’une journée par semaine, l’ensemble des acteurs a été rencontré, ce qui a permis une meilleure connaissance de leurs champs d’action, une plus grande lisibilité sur le potentiel associatif local. Ces rencontres ont facilité le positionnement de chaque acteur dans le projet, leur permettant une appropriation du projet et de la dynamique collective engagée. Cette appropriation et ce positionnement volontaire sur le projet ont eu pour effet de renforcer la place de chaque acteur au sein du groupe opérationnel, puis au sein du collectif EQUITESS, d’autres se positionnant comme acteurs ressources adhérant au projet avec la volonté de s’impliquer plus activement à moyen terme.

Au fur et à mesure des rencontres avec les acteurs a émergé le besoin d’un accompagnement à la structuration des projets particuliers tels que Niaso-event, AAPAC, Terroirs du monde, Kalumba, Montévidéo… Pour eux, il était primordial de structurer et consolider leur projet associatif afin d’envisager une contribution et un engagement solide dans le projet EQUITESS.

Un groupe d’acteurs a mobilisé et mutualisé ses ressources, trois acteurs ont travaillé ensemble sur le montage de dossier de financement (Niaso event, l’AAPAC et Kalumba), une mise en commun leur a permis de répondre à l’appel à projet « micros projets associatifs» mesure 10 B du FSE.

Quatre acteurs partagent le même service comptable (Niaso-event, Kalumba, Terroirs du monde et Montévidéo). L’association « Terroirs du monde » établit une convention avec l’association « Niaso-event » pour la mise à disposition d’une partie de son local sur le centre commercial des Larris. L’association « J’en Zay en vie » a mis à disposition ses locaux en septembre 2006 dans le cadre d’ateliers mode et couture organisés par l’association Niaso-event.

Les acteurs du collectif EQUITESS mènent et organisent diverses actions ponctuelles sur la ville : Fête de la musique sur le quartier des Larris, Fête de la Madelon, Fontenay sous soleil… Les échanges entre les acteurs se multiplient au quotidien sur le territoire, de nouveaux modes de coopération émergent localement. De nouveaux liens se tissent entre les acteurs, le collectif et ses acteurs sont repérés et identifiés sur le territoire quant à leurs capacités d’agir et faire ensemble.

L’appui méthodologique exercé auprès du porteur du projet EQUITESS (Terroirs du Monde) durant la phase de formalisation collective du projet a permis, d’une part, davantage d’efficacité et de cohérence dans la mise en place de la structuration collective : communications écrites, préparation des instances (groupe opérationnel, collectif, groupes thématiques, regroupements, rencontres avec le Maire…) ; d’autre part, cet accompagnement a valorisé et repositionné la place d’acteur de l’association dans le collectif.

Les montages juridiques et financiers liés aux projets

Des expériences innovantes en région Nord-Pas-de-Calais ont été approchées :

— Dans le quartier de « l’Alma Gare » à Roubaix : un ensemble de service a été mis en place par les habitants, dont une imprimerie, un restaurant associatif, maintenance de bâtiment etc. Trente ans après, il ne reste plus rien du projet initial. Le projet a subi un échec parce que les initiatives ont été centrées uniquement sur le quartier d’où l’intérêt de pas opposer les activités internes et externes d’un projet local. Il faut réfléchir sur la manière de transformer le marché, comment rendre une entreprise solidaire. Il est impératif de ne pas « diaboliser » le marché.

— « Droit au travail » à Lens : association de chômeurs. Une dizaine d’entreprises ont été crées par des entrepreneurs extérieurs. Aujourd’hui le groupe emplois plus de 250 personnes.

— La « Cité de l’initiative » à Roubaix : création d’un Atelier Coopératif. Les acteurs se sont rassemblés dans un ancien lycée textile dans le but de partager le même espace et différents outils. Constat : après 15 ans, l’esprit initial du projet est perdu. Il faudra que le collectif réfléchisse comment maintenir et faire vivre l’esprit du projet à long terme.

— « Les Halles de Wazemmes » à Lille : association des commerçants de produits Bio (Association Vertige). Réhabilitation des halles d’un quartier populaire, lutte d’un collectif contre le projet de la ville de transformer ce lieu en complexe de cinéma.

— « Saveurs et saisons » à Villeneuve-d’Asq : société civile qui a créé un espace bio avec une brasserie, un restaurant, etc… Cet espace est devenu une référence dans la région.

Ces exemples montrent qu’il est très important d’avoir une vision à long terme du projet (10 à 15 ans) pour que d’autres activités puissent le rejoindre et le renforcer :

- création de services qui favorisent les notions de mobilité : auto-école pour les jeunes ;

- projet lié à l’environnement : concept québécois de récupération et transformation de meubles, ressourcerie…

- service financier à l’exemple d’une Banque Solidaire, accord sur les Minguettes à Lyon, mise en place des crédits avec fonds de garantie de l’Etat…

- produits Bio : marché de produits Bio…

Pour le projet EQUITESS et ses expériences, il n’y a pas de problème juridique et financier. Le statut accompagne et reflète le projet. « Le statut ne fait pas la vertu ». Il y a plusieurs types de statuts allant vers une organisation horizontale. Exemple de formes juridiques possibles hormis l’association loi 1901 :

- Union Economie Sociale : non capitaliste

- Forme Coopérative (65% des voix aux salariés)

- Coopérative de Consommateurs

- SCOP (Société coopérative ouvrière de production) : loi 1948, un homme une voix

- SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) : les collectivités publiques peuvent participer à 20% du capital

- SEM (Société d’économie Mixte) : collectivités majoritaires

Sur le plan financier, il existe plusieurs possibilités de financement du projet et des activités. « Il faut rêver ! » et ne pas avoir peur de parler de commerce, de marché. Il est nécessaire de penser aux besoins du quartier, mais aussi de penser à la répercussion du projet sur l’extérieur. Les apports de ressources possibles :

- Fonds propres (parts sociales)

- Emprunts et crédits

- Subventions

- Fondations d’entreprise, à l’exemple de celle d’Auchan.


Analyses

Eléments pour une modélisation de la constitution originale de l’association « Terroirs du Monde »

Cette partie de la mission d’expertise vise à délivrer des éléments pour une modélisation de la constitution originale de l’association Terroirs du Monde sur le quartier des Larris à Fontenay-sous-Bois. Il ne s’agit pas, à partir de la démarche de l’association, de constituer un réseau de franchise qui dupliquerait cette expérience. L’objectif est ici de dégager quels sont les éléments-clés qui ont permis la construction de cette initiative afin de les livrer aux autres porteurs de projet impliqués dans le projet EQUITESS mais aussi à d’autres acteurs soucieux de développer de telles dynamiques sur des centres commerciaux présentant des caractéristiques semblables à celles des Larris.

La genèse du projet

Les origines de l’association Terroirs du Monde sont à rechercher, en 2001, dans les prolongements du comité de soutien, « Fontenay, on l’aime », à la candidature de l’actuel maire de Fontenay-sous-Bois. A l’issue de cette campagne, une partie des membres de ce comité décida de continuer à se retrouver pour intervenir directement sur le quartier des Larris, quartier où pour la plupart ils résident et ont vécu depuis plusieurs années. Enseignants, responsables de services municipaux, étudiants… telles sont les statuts de ces personnes à l’origine du projet. Idéologiquement, elles se situent à gauche avec pour certains des traditions familiales marquées par le parti communiste, mais aussi, plus largement on trouve dans les racines culturelles de ces acteurs des influences socialistes, voire chrétiennes sociales. La présence forte sur ce quartier de réfugiés d’Amérique latine s’est aussi traduite par l’implication d’un acteur qui a été à l’origine du concept de la boutique de commerce équitable sur le quartier et qui, depuis, est retourné en Uruguay où il occupe des fonctions auprès du gouvernement de gauche élu en 2004.

En mai 2003, est fondée l’association Terroirs du Monde dont l’objet est « la création et l’entretien des liens sociaux, culturels et économiques dans la ville de Fontenay-sous-Bois ». Face à un quartier dont le centre commercial est exsangue, le projet vise à réintroduire de l’activité économique, ce qui est classique dans le processus de revitalisation d’un tel centre, en y adjoignant, ce qui est moins courant, des principes de solidarité. C’est ainsi que né le projet d’une boutique de commerce équitable sur le quartier des Larris. Il s’agit donc à la fois de réimplanter de l’activité économique mais aussi de l’inscrire dans « une approche positive, notamment pour les jeunes, en ne lançant pas n’importe quel type d’activité mais y ajoutant des principes de justice et de solidarité internationale » nous explique un des promoteurs du projet.

Les locaux du centre commercial sont certes vides mais il faut négocier la possibilité de conclure un bail, « refaire la boutique », trouver les moyens pour ces investissements mais aussi pour acheter le stock... Lancé à partir d’une démarche sociopolitique de « réinvestissement du quartier », le projet prend rapidement une dimension socioéconomique.

Des investissements matériels sont à réaliser, le coût des travaux est évalué entre 35 000 et 40 000 euros. C’est une entreprise d’insertion, Urbatir, qui va réaliser les travaux pour un montant total de 21 000 euros. Cette entreprise emploie des jeunes du quartier accompagnés par des éducateurs de rue. Les salariés en insertion sont recrutés sur des contrats à durée déterminée d’insertion. Si la durée des contrats est limitée à deux années, il s’agit de contrats à temps plein offrant une certaine stabilité aux travailleurs. Le recrutement de jeunes du quartier vise aussi à faire reconnaître les travaux réalisés localement par les autres jeunes et à éviter qu’il y ait « deux rangées de parpaings qui tombent chaque semaine… ». Dès la réalisation même des investissements, les acteurs sont donc fidèles à leur objectif, renouer du lien social au niveau local en réalisant des activités économiques.

Une autre part importante des investissements matériels provient des matériaux et fournitures fournis gratuitement par la municipalité. Si la municipalité n’a pas été sollicitée de manière financière dans la construction du projet, celui-ci rencontra rapidement un écho favorable de sa part et au premier chef de son Maire. Le montant de cette aide en nature est évalué entre 10 000 et 15 000 euros. Le reste des investissements s’est aussi réalisé en nature à partir de dons : un militant fournira les étagères, une fondation, trois ordinateurs, les bureaux seront aussi fournis gratuitement… « pour le mobilier, seul le comptoir a été acheté ».

Ainsi, un niveau important des investissements s’est réalisé à partir de dons en nature. La principale dépense consiste dans les travaux réalisés par Urbatir. Pour la financer, Terroirs du monde a eu des difficultés à trouver les financements ad hoc. Certes des fonds seront accordés dans le cadre de la politique de la ville co-financée par l’Etat, le Conseil régional et le Conseil général mais ceux-ci ne suffisent pas et il faudra aussi mobiliser des financements de la Fondation Macif dans le cadre de son soutien à l’emploi et du Fonds social européen dans le cadre de la mesure 10 B de soutien aux micro-projets associatifs. Aucun de ces deux dispositifs n’est adapté au montage du projet dans ses aspects matériels, ainsi la mesure 10 B ne permet pas de financer des investissements. Pour dépasser ces difficultés, l’association va demander à Urbatir de lui accorder des délais, négocier la gratuité des premiers loyers avec le propriétaire et va commencer son activité à partir d’octobre 2004 grâce au bénévolat des initiateurs du projet ; les marges dégagées permettant de financer les investissements matériels.

La réalisation des investissements matériels n’aurait donc pas été possible sans l’implication bénévole de l’ensemble des promoteurs, une dizaine de personnes. Cette implication se fera notamment d’octobre 2004 à octobre 2005 pour tenir la boutique ouverte 35 heures par semaine, sans compter les ventes sur les marchés. Parmi eux, l’actuel président de Terroirs du Monde va jouer un rôle central en étant le catalyseur et le porteur du projet. Il ne sera pas salarié de l’association, mais il va utiliser l’inscription dans des formations universitaires et les stages qu’elles offrent mais aussi des période de chômage pour participer à la consolidation et au développement du projet. Outre la tenue de la boutique, c’est l’approfondissement de projets, la préparation des dossiers, l’élargissement du réseau de bénévoles et des soutiens, les relations avec les partenaires… qui vont constituer les tâches principales du porteur. D’autres bénévoles sont aussi impliqués en apportant leur compétence souvent issue de leur profession, comme la gestion des questions logistiques, ou des études qu’ils suivent, gestion, sociologie… Ce projet bénéficiera en outre d’un accompagnement de l’équipe en charge de la politique de la ville à travers notamment sa chef de projet.

Le fonctionnement socio-économique

En 2004, le chiffre d’affaires a été de 13 900 €, de 22 800 € en 2005, le budget réalisé pour 2006 n’est pas encore précisé, le prévisionnel 2007 devant atteindre 31 000 €. Sur l’année 2005, environ 60 % des ventes ont été réalisées à la boutique, 30 % sur les marchés et à 10 à 15 % à partir de commandes des collectivités territoriales. Le fonctionnement économique de la boutique a donc reposé en premier lieu sur l’implication bénévole, les marges dégagées sur les ventes permettant de financer les investissements et de constituer une trésorerie en l’attente de financements publics. Les subventions ont été de 23 000 € en 2004, les financeurs sont l’Etat et la région dans le cadre de la politique de la ville, le conseil général et le Fonds social européen. En 2005, les subventions atteignent 27 492 € sans compter la partie qui va transiter dans sa quasi-totalité car elle est consacrée à la rémunération de la présente mission d’expertise. Le recrutement de deux personnes en « emploi tremplin » va accroître le niveau des subventions pour 2006, ces deux emplois représentant un aide de 30 000 € de la région et de 6 000 € du département, cette prise en charge est dégressive sur quatre années. A terme, l’équilibre économique est envisagé sur trois sources qui représenteraient chacune un tiers, les ventes qui devraient augmenter, les subventions qui devraient diminuer et le bénévolat qui devrait se stabiliser. Cette forme d’équilibre économique tranche avec d’autres boutiques de commerce équitable qui s’appuient plus sur une mixité de ressources marchandes et non monétaires (bénévolat voire mise à dispositions de locaux) .

Le type d’hybridation construit par la boutique Terroirs du Monde est liée à l’implantation sur un quartier peu commerçant, - « si on voulait se faire du fric, on ne l’aurait pas fait ici mais sur le Vieux Fontenay » exprime simplement un des promoteurs - et à la capacité de convaincre les pouvoirs publics de soutenir une telle initiative sur ce site. Le fonctionnement socio-économique de la boutique s’ancre dans une démarche socio-politique de ses fondateurs qui peut être moins perçue par les nouveaux acteurs qui rejoindront le projet. En effet, ces derniers peuvent dans un premier temps ne percevoir que la dimension « commerce équitable » de l’initiative surtout s’ils font connaissance de la boutique à partir des marchés. Avec une telle entrée, c’est plutôt une logique de développement de l’activité commerciale qui peut être privilégiée par ces acteurs et entrer en tensions avec celle d’implication sur le quartier. Cette contradiction semble toutefois dépassée par le développement du projet Equitess qui, avec un fondement semblable à celui de Terroirs du Monde : faire revivre le centre commercial, permet de renforcer la dynamique commerciale de la boutique. La complexité de l’équilibre économique de la boutique tient à la multiplicité des solidarités qu’elle met en œuvre : solidarités internationales avec le commerce équitable, solidarité locale par son implantation sur un quartier en manque de vie commerciale.

Le fonctionnement socio-politique

La réalité du fonctionnement économique n’est pas suffisante pour mesurer la dimension sociétale de ce projet. Certes, comme tout projet de commerce équitable, il a pour ambition d’améliorer les conditions de vie des producteurs mais, ici, et c’est l’originalité de ce projet par rapport à la très grande majorité des boutiques de commerce équitable, il s’agit aussi de réinvestir l’espace public local pour utiliser les termes repris dans le mémoire du porteur. « Réinvestir l’espace public » cela signifie que « lors de l’inauguration de la boutique, c’est 400 personnes sur la dalle qui viennent vers la boutique et le centre commercial » explique-t-il de vive voix. Cette affluence lors du lancement de la boutique est soulignée par l’ensemble des acteurs de l’association, elle symbolise la réussite du projet, « alors que beaucoup, y compris chez les politiques, n’y croyaient pas et nous mettaient en garde sur la difficulté à mener un tel projet ».

Cette frilosité ambiante a pu être dépassée au niveau de la municipalité sur le plan politique par des « rapports directs de respect mutuel » avec le Sénateur-maire et sur le plan administratif par des liens privilégiés et anciens avec la Chef de projet ville qui accompagne la démarche depuis son démarrage.

Le contexte général était aussi favorable au projet :

1) sans a priori de liens directs c’est à cette époque qu’au sein du PCF, s’est constitué un groupe de travail « commerce équitable – économie sociale et solidaire » ;

2) plus généralement le commerce équitable a connu depuis le début des années 2000 un écho considérable en France, cette reconnaissance a même conduit à une assimilation du commerce équitable à l’économie solidaire et a pu contribuer à faire passer au second plan d’autres dynamiques. Le choix des promoteurs de Terroirs du Monde de faire appel à des ressources externes que ce soit à travers la présente mission d’expertise ou par l’organisation de soirée sur l’économie solidaire avec des chercheurs ou encore par la participation à des colloques sur ces thématiques a eu des effets importants dans l’appropriation locale des principes d’économie solidaire et dans la constitution d’une culture commune aux acteurs qui vont fonder EQUITESS.

Ce travail rejoint les fondements de l’éducation populaire mais aussi ceux du mouvement ouvrier que ce soient dans ses démarches associationnistes, syndicales ou politiques. Dans une ville marquée par ces valeurs communes, la promotion de l’économie solidaire peut retrouver un terrain propice même si comme le rappelle Le Duigou, les clivages entre ces différentes composantes ont été d’autant plus marqués qu’elles « étaient issues de la même matrice et souhaitaient se différencier ». En passant d’un comité de soutien électoral à l’action économique solidaire, les acteurs de Terroirs du Monde réinterrogent la politique municipale notamment dans son soutien au développement économique qui ne peut pas se cantonner à l’appui aux entreprises traditionnelles. La reconnaissance de cette démarche ne se cantonne toutefois pas au milieu politique originel des promoteurs de Terroirs du Monde, mais gagne l’ensemble des composantes politiques de la municipalité. Ainsi le soutien à la mission d’expertise concernant le projet EQUITESS a été voté à l’unanimité des élus locaux.

Conclusions et synthèse

L’expérience de la constitution de Terroirs du Monde est originale. Non seulement cette association entend participer au développement du commerce équitable mais en plus elle souhaite le faire sur un quartier où toute la rationalité économique classique lui interdirait de s’installer. Face à cette problématique, on peut tirer quelques enseignements de la démarche adoptée en mettant en évidence des points clés de la réussite du projet dans sa construction tant sur les plans matériels qu’immatériels. Concernant le fonctionnement socio-économique, son équilibre est encore en cours d’élaboration mais les lignes directrices sur lesquelles il s’établit peuvent d’ores et déjà être dégagées.

— La réalisation des investissements immatériels

Le démarrage des investissements immatériels précède celui des investissements matériels. Les investissements immatériels comprennent :

- la constitution d’un groupe d’acteurs composé des principaux intéressés : habitants, futurs usagers, bénévoles, salariés…

- la sensibilisation locale à la problématique de l’économie solidaire : réunions publiques, conférences, rencontres des élus locaux des « différents bords »…

- la formation des porteurs de projet : utilisation des formations universitaires ou de formation ad hoc ;

- l’accompagnement des porteurs de projets dans leur dimension collective tant par les dispositifs de la politique de la ville que par des structures de soutien à l’économie solidaire ;

- l’implication des pouvoirs publics, sensibilisation des élus, mise en place de dispositifs de soutien inter partenariaux ;

- la sensibilisation et mobilisation des différentes composantes des services de collectivités territoriales, développement économique, politique de la ville…

- la mobilisation des politiques publiques relevant de la ville, de la citoyenneté, de l’emploi, de l’insertion, de l’économie solidaire…

- la reconnaissance de la durée de mise en place du projet, de un à deux ans.

Pour réaliser ces investissements immatériels, il convient de parvenir au financement du temps d’un porteur de projet recruté par les promoteurs de l’initiative et au financement de leur accompagnement sur la durée. Ces premiers soutiens sont à distinguer de l’appui au démarrage de l’activité par la prise en charge dégressive de poste d’encadrement.

— La réalisation des investissements matériels

Le porteur et les promoteurs du projet auront, avant le démarrage de l’activité, à réaliser les investissements matériels portant notamment sur :

- la négociation de loyers gratuits pour les premières années de démarrage – l’absence de loyer compensant les travaux réalisés et la possibilité de loyer futur pour des locaux jusque-là désertés ;

- l’implication directe des habitants du quartier, en particulier des jeunes, dans la remise en état des locaux ;

- le recrutement des salariés effectuant les travaux sur des contrats de droit commun, permettant de distinguer l’économie solidaire des « petits boulots » ;

- la mobilisation de financements divers (publics, privés, de fondations…) et de ressources non monétaires (dons, bénévolat…).

— Le fonctionnement socio-économique

Le fonctionnement socio-économique de l’activité repose sur certains principes :

- la constitution d’une organisation autonome, entendu comme ayant un statut juridique propre ;

- cette organisation est dirigée par les principales parties prenantes : bénévoles, salariés, usagers, selon des pondérations variables ;

- son activité économique se réalise dans un cadre ouvert sur d’autres problématiques sociales, culturelles, environnementales ;

- l’équilibre économique s’appuie sur la mobilisation de ressources issues du marché, de la redistribution et de la réciprocité ;

- l’ouverture sur l’extérieur avec l’inscription dans les démarches de développement et de mutualisation avec les autres acteurs socio-économiques du centre commercial.

La réussite d’une telle activité dépend donc de la capacité à inscrire le développement de l’initiative dans une démarche plus large de réappropriation du quartier par ses habitants mais aussi de mobilisation des acteurs notamment publics extérieurs au quartier.


Dynamique socio-économique du centre commercial des Larris

et des projets du collectif EQUITESS

Equitess et le foisonnement d’initiatives locales

Les projets développés sur le quartier des Larris et réunis dans le collectif EQUITESS participent d’un mouvement plus large de développement des initiatives locales de développement et d’emploi repérées sur l’ensemble des pays de la Communauté européenne[1]. Quatre grands champs et 19 domaines d’activités ont été identifiés :

- les services de la vie quotidienne avec : les services à domicile ; la garde d’enfants ; les nouvelles technologies de l’information et de la communication ; l’aide aux jeunes en difficulté et l’insertion ;

- les services d’amélioration du cadre de vie avec : l’amélioration du logement ; la sécurité ; les transports collectifs locaux ; la revalorisation des espaces publics urbains ; les commerces de proximité ; la maîtrise de l’énergie ;

- les services culturels et de loisirs avec : le tourisme ; l’audiovisuel ; la valorisation du patrimoine culturel ; le développement culturel local ; le sport ;

- les services d’environnement avec : la gestion des déchets ; la gestion de l’eau ; la protection et l’entretien des zones naturelles ; la réglementation, le contrôle de la pollution.

L’émergence de ces différentes activités s’explique par des évolutions socio-démographiques, hausse du taux d’activité féminine, éclatement des familles, vieillissement de la population… qui vont notamment influer sur la croissance de services de la vie quotidienne comme la garde d’enfants, l’aide aux personnes âgées… L’évolution des modes de vie, les diminutions de temps de travail, le mixage des populations, l’élévation des niveaux d’éducation… sont, quant à eux, des facteurs qui vont influer sur la croissance des services culturels et sportifs. La dégradation de l’environnement, la nécessaire préservation des ressources naturelles et la montée des préoccupations écologiques vont conduire au développement de services d’environnement.

D’autres initiatives sont moins centrées sur la production de biens et services mais axent leur action sur de nouvelles modalités dans la réalisation des échanges. Ces différents types d’initiatives se développent à partir de rapports renouvelés quant aux modalités :

- de réalisation d’activités commerciales : le commerce équitable a ainsi pour objectif l’importation de produits de pays du Sud et leur vente dans les pays du Nord à des prix supérieurs à ceux du commerce international, dans l’objectif de permettre aux producteurs de vivre dignement ;

- de réalisation d’échange de biens et services sans les monnaies nationales, en privilégiant le lien social et l’entraide sur les choses échangées, comme peuvent le faire les Systèmes d’échange local ;

- de financement des initiatives, la finance solidaire s’est progressivement donnée pour objectif non seulement l’accès au crédit d’entrepreneurs qui ne peuvent pas avoir recours au système financier traditionnel, mais aussi de mieux accompagner la création d’activités.

Ces trois types de nouveaux modes d’échange proposent, malgré leur différence, des orientations porteuses d’une autre conception de l’utilisation de l’argent.

Concernant l’amélioration du cadre de vie et plus spécialement la revalorisation des espaces publics urbains, les origines des nouvelles demandes sont à rechercher dans la nécessité de réparer les conséquences des théories fonctionnalistes des années 70. « De manière un peu caricaturale, certaines zones ont été entièrement consacrées à des fonctions bien identifiées : fonction de consommation avec les centres villes et les galeries marchandes ; fonction de circulation pour les grandes rues avec une séparation parfois stricte entre les piétons et les voitures ». L’enjeu est alors de réviser l’approche « des espaces publics, perçus non plus comme “des lieux vides”, mais comme des “lieux de convivialité” »[2] .

Le collectif EQUITESS cherche à répondre à cet objectif dans une approche originale qui ne vise pas seulement à développer les commerces de proximité ou à repenser l’urbanisme mais plus largement à développer des initiatives locales répondant aux évolutions sociales, démographiques, culturelles… selon des modalités qui ne les insèrent pas uniquement dans l’économie de marché.

Positionnement socioéconomique des projets d’EQUITESS.

En effet, une des difficultés posées au développement des initiatives locales tient à la compréhension de l’économie uniquement à partir du marché et du développement des entreprises capitalistes. Si des initiatives locales peuvent à terme dépendre uniquement du marché comme d’autres peuvent intégrer le secteur public, il apparaît qu’elles s’inscrivent le plus souvent dans une logique d’hybridations des différentes économies. Une approche substantive permet de mettre en évidence la diversité des principes économiques qui ne sont pas réductibles au marché ou à la redistribution, mais aussi à la réciprocité. Selon Polanyi, le terme économique peut être défini à partir de « la dépendance de l’homme par rapport à la nature et à ses semblables. Il renvoie à l’échange entre l’homme et son environnement naturel et social. Cet échange fournit à l’homme des moyens de satisfaire ses besoins matériels »[3].

Le principe du marché permet une rencontre entre offre et demande de biens et services aux fins d’échanges à travers la fixation de prix. La relation entre offreur et demandeur s’établit sur une base contractuelle à partir d’un calcul d’intérêt. La redistribution est le principe selon lequel la production est remise à une autorité centrale qui a la responsabilité de la répartir, ce qui suppose une procédure définissant les règles des prélèvements et de leur affectation. La redistribution est surtout publique : c’est autour de l’État social que s’est agencée une forme moderne de redistribution alimentée par des prélèvements obligatoires et par laquelle sont versées des allocations attestant de droits sociaux. La réciprocité correspond à la relation établie entre des groupes ou personnes grâce à des prestations qui ne prennent sens que dans la volonté de manifester un lien social entre les parties prenantes.

A partir de ces trois principes de base, les combinaisons sont historiquement variables et l’économie contemporaine peut être décomposée en trois pôles. L’économie marchande correspond à l’économie dans laquelle la distribution des biens et services est confiée prioritairement au marché. L’économie non marchande correspond à l’économie dans laquelle la distribution des biens et services est confiée prioritairement à la redistribution organisée sous la tutelle de l’État-social. La redistribution s’y exerce largement par le biais du service public dont les règles sont édictées par une autorité publique soumise au contrôle démocratique. L’économie non monétaire correspond à l’économie dans laquelle la distribution des biens et services est confiée prioritairement à la réciprocité et à l’administration domestique.

Chaque pôle de l’économie est donc organisé autour de la prédominance d’un principe et l’économie contemporaine manifeste une hiérarchisation entre ces pôles, l’économie marchande étant première, l’économie non marchande supplétive et l’économie non monétaire résiduelle dans les re-présentations dominantes.

Avec l’économie solidaire[4], les différents pôles économiques peuvent être mobilisés avec une hiérarchisation en faveur de la réciprocité[5].


C’est dans cette dynamique que s’inscrivent les projets EQUITESS. Ce schéma, réalisé avec les différents acteurs du collectif, illustre la dynamique socio économique de leurs activités et projets.

Mais plus largement, au-delà des projets spécifiques à chacun de ses membres, le projet EQUITESS s’inscrit dans une approche plurielle de l’économie ne visant pas à limiter le renouvellement du centre commercial au développement d’initiatives solidaires mais recherchant plus largement la reconnaissance d’une pluralité des économies sur le quartier. C’est dans cette logique que les commerçants implantés sur le quartier ont été approchés.

Le commerce « classique » sur le quartier

Etat des lieux

Nous avons rencontré en avril 2006, outre les membres de Terroirs du monde, le cafetier, le boulanger, la pharmacienne et l’épicier. Le rendez-vous avec l’épicerie exotique n’a pu être assuré. Six boutiques étaient donc en fonctionnement. Depuis, un marchand de fruits et légumes s’est installé, une boucherie hallal et une restauration rapide devraient aussi ouvrir leurs portes à la fin de l’été.

Excepté la pharmacienne qui cherchait, quant à elle, à revendre la pharmacie où elle est depuis une quinzaine d’année, les commerçants s’étaient tous installés récemment sur les Larris. Le fort turn-over dans la gestion des boutiques est une caractéristique du fonctionnement du centre commercial avec son déclin que l’on a l’habitude de dater à la fin des années 70. Des commerces ont déjà fermé : La pizzeria, la taxiphone, la librairie papeterie, le kiné, le salon de coiffure, la boucherie hallal sont autant d’activités qui ont fermé… Les explications évoquées se résument grossièrement ainsi « parfois ça ne marche pas [et le commerce n’arrive pas à tenir], parfois ça marche trop bien [et le commerçant revend pour s’installer ailleurs] ». Au-delà de l’attraction des commerçants vers le centre commercial, c’est donc aussi la question de la pérennisation de leur action qui est posée.

Les commerçants présentent leur quartier comme habité par de nombreuses communautés avec des populations aux revenus modestes. Leur clientèle est majoritairement locale, exceptée pour la boutique de commerce équitable qui fait venir des personnes habitant en dehors du quartier. Si la clientèle est « tout public » pour la pharmacie, la boulangerie et le tabac, l’épicerie touche fortement une population de personnes âgées à qui elle livre les courses avec éventuellement d’autres produits (médicaments, produits commandés spécialement…). Les relations de proximité sont fortes avec les clients, « les gens se connaissent ».

Pour autant, si l’on nous fait part d’une paupérisation de la population, c’est principalement la faible attractivité du centre commercial qui explique ses difficultés. « C’est la cité, il y a une peur de venir ici », nous explique un commerçant. Toutefois, cette perception du climat social est contrastée, on nous évoque une période difficile antérieurement, « il y a quatre ou cinq années » avec des « jeunes qui interpellent, demandent de l’argent ». Mais, aujourd’hui, après « un mieux dans les relations avec les jeunes » c’est plutôt une question d’image qui expliquerait les difficultés du centre commercial.

Il y a 6-7 années, les commerçants ont monté une association de commerçants nous explique-t-on mais celle-ci s’est arrêtée avec le départ d’une partie des commerçants et « l’absence de leader » pour porter ce projet. Depuis quelques années, les membres de Terroirs du Monde tentent aussi, avec difficulté, d’associer les commerçants aux activités du quartier. Les commerçants ne s’investissent d’ailleurs guère dans les actions locales en général telles les réunions de concertation, comité de quartier… Ce désinvestissement peu s’expliquer par leur implantation récente sur le quartier mais aussi plus globalement par la nécessité, au premier chef, de faire « tourner la boutique ». Il faut toutefois se garder d’une perception de l’action des commerçants uniquement autocentrée. Tous s’accordent sur la nécessité d’un développement de l’activité globale sur le centre commercial pour le développement de leur propre commerce : « tout est lié, quand le tabac a fermé, à la boulangerie on a perdu 30 % ». Pour développer leur activité, les commerçants s’inscrivent dans une logique de re-cherche de complémentarité plutôt que de concurrence. L’épicier nous explique ainsi qu’il évite de faire de la concurrence au boulanger en ne vendant du pain qu’en dépannage. La coopération entre commerçants ne se traduit pas par la mise en place d’associations mais plutôt par la recherche de complémentarités entre eux.

En outre, les commerçants sont principalement dans une logique de développement d’activités multiples. Avec neuf boutiques occupées à la fin de l’été, on pourrait espérer un renouveau de l’activité commerciale ; il convient toutefois d’être prudents quant aux perspectives d’évolution du centre à partir de cette dynamique. En premier lieu, certaines nouvelles installations peuvent venir déstabiliser les complémentarités trouvées entre commerçants ; en second lieu, le turn’over important des commerces s’avère difficile à juguler sans que soient abordées des questions majeures de développement du quartier. L’analyse des difficultés des commerçants mais aussi de leurs propositions peut participer de cette démarche.

Difficultés et propositions des commerçants

« Le manque d’attractivité de ce pôle peut, en partie, s’expliquer par une offre très peu diversifiée, un environnement peu agréable, une configuration peu accueillante et une situation géographique introvertie. Par ailleurs, ce centre commercial situé non loin du centre commercial Val de Fontenay, subit de front la concurrence des commerces de ce dernier. Le centre se trouve cloisonné au milieu d’un habitat collectif entraînant l’isolement des commerçants. On constate que l’environnement de ce centre commercial n’est pas des plus hospitaliers »[6]. Au-delà de ces constats globalement partagés, des réponses émergent pour l’essor du centre commercial des Larris. « Quelles actions et mesures faudrait-il prendre pour consolider et développer le centre commercial ? la vie sociale sur le quartier ? » telles sont les questions que nous avons traitées avec les commerçants de manière individuelle. Les réponses se situent à différents niveaux : géographique, technique, urbanistique, social.

Une difficulté géographique évoquée vise l’accès au centre commercial et au quartier : « On ne sait pas qu’il y a un centre commercial », « il n’y a pas de panneaux indicateurs », « le quartier est enclavé, il n’y a pas de circulation, pas de bus », « il faudrait mettre un gros panneau ». La situation géographique des Larris à proximité du centre commercial du Val de Fontenay rend a priori difficile son développement. Il est difficile de rivaliser avec la diversité des produits offerts par ce centre. Les commerçants relèvent ceci comme un frein à leur développement. Cette difficulté peut toutefois être relativisée à travers cette formule : « Auchan, c’est le concurrent de Carrefour, pas de nous ». Dit autrement, le pôle des Larris doit trouver ses spécificités sans chercher à être un concurrent direct du pôle commercial avoisinant. Le projet EQUITESS participe de la recherche de construction de l’identité spécifique du centre commercial.

Sur un plan technique, outre la question du mauvais éclairage du centre commercial déjà identifiée par l’étude de la CCI, l’absence d’entretien du parking, le problème du sous-sol fermé — à partir duquel un incendie s’est déclenché entraînant la fermeture du café —, la mise aux normes de commerces comme la boulangerie, sont mis en avant comme autant d’éléments limitant l’action du centre commercial.

Les conséquences des choix urbanistiques sont pointées comme des explications aux difficultés de circulation dans le quartier : « ça ne ressemble pas à un centre ville, il n’y a pas de rues » ; au sein du quartier, une partie des résidences ont des portes fermées sur le quartier ». « La circulation n’est pas facile avec la dalle » ; « c’est enfermant ». Les travaux visant la suppression partielle des dalles sont vus positivement mais « enlever la dalle ça ne changera pas tout » estime-t-on toutefois. En effet, si des prises de décision sur l’urbanisme peuvent favoriser la circulation sur le quartier, l’attractivité et la réappropriation sociale du quartier passe aussi par une réflexion sur l’évolution du lien social.

À partir du témoignage de leurs clients, les commerçants estiment « qu’il y a une amélioration du climat d’ensemble depuis quelques années ». Plus que le climat social ce sont les représentations sociales qui expliquent les difficultés de socialisation sur le quartiers : « il y a une crainte par rapport aux jeunes mais, dans les faits, il y a peu de problèmes. Il faut rassurer les gens, surtout les personnes âgées ».

De même, on signale l’attractivité d’éléments récents : « la fête sur le quartier, la fête de la musique » ; « le café a réouvert, ça réanime un peu ». Mais la vie sociale apparaît limitée ; « le soir, il ne se passe rien », « 9000 habitants, mais c’est désert le soir », « il faut faire venir ici le soir ». « L’évolution du quartier passe par la réappropriation de l’espace public par les habitants » insiste-t-on à Terroirs du Monde.

Conclusion

Incontestablement, l’essor du centre commercial passe par cette réappropriation du territoire par les habitants, par l’ensemble des habitants mais aussi par l’activité économique, ou plutôt par l’ensemble des types d’économies. La problématique du projet EQUITESS comme celle des commerçants est incontestablement commune sur de nombreux points. Les uns et les autres soulignent les mêmes difficultés du centre commercial des Larris : manque d’activités, problèmes urbanistiques, entretien du centre, manque d’attractivité… Les commerçants soulignent la nécessité d’ouvrir de nouveaux commerces et, on l’a vu, l’importance « d’être multi-activités », « lavomatique et pressing » ; « restauration et traiteur » ; « taxiphone, fax, service » ; « boucherie mais pas “sans cochon” ». Le manque de commerce n’est pas le seul manque d’activités à être signalé : « il n’y a pas de banques, pas de poste, pas de service ». Il s’avère toutefois, pour l’instant, difficile d’engager les commerçants dans une démarche collective. Pourtant, il nous semble que la prise en compte de leurs besoins spécifiques pourrait être un moyen d’engager cette démarche. Ces besoins portent notamment sur les travaux de mise aux normes de la boulangerie, l’entretien du parking et du centre commercial, le résorption du problème du sous-sol désaffecté… Les pouvoirs publics ont un rôle clé dans cette dynamique. Plutôt que de stimuler la concurrence entre commerçants sur un espace restreint en favorisant l’arrivée de nouveaux commerces sur des créneaux proches, il nous semble central de renforcer les activités existantes dans leur qualification et consolidation, pour éviter de nouvelles rotations et de nouvelles vacances des locaux.

Si les projets qui se retrouvent au sein d’EQUITESS s’appuient sur une hybridation d’économies pour parvenir à se pérenniser, les commerçants au-delà de leurs activités marchandes peuvent être aussi à la recherche d’interventions publiques pour les appuyer à travers la passation de commandes publiques, ou, comme cela se fait déjà, par des baux gratuits. Plus globalement, c’est sur l’association d’une pluralité d’acteurs économiques, de l’économie sociale et solidaire, du secteur privé, du secteur public que le renouveau du centre commercial des Larris peut s’imaginer.


Conclusion et perspectives

Au terme de cette mission, le projet « EQUITESS » apparaît comme « un pôle d’activités avec co-existence et complémentarité entre commerces traditionnels et commerces et services solidaires, lien entre le quartier et la Ville ».

A partir du centre commercial et des commerces légitimés ou initiés dans le cadre du projet, du point d’accueil qui va s’y ouvrir, c’est toute la dynamique du quartier qui se trouve renforcée par l’implication des acteurs associatifs et services publics dans la dynamique globale, démultipliant ses effets sur l’ensemble de la ville voir au-delà si l’on considère l’intérêt porté à cette action par de nombreux acteurs en d’autres régions.

Le travail et la démarche méthodologique, l’accompagnement des acteurs dans la formalisation et la structuration des différents projets et actions locales, l’analyse socio économique du contexte en vue d’une capitalisation et d’une modélisation liée aux principes et valeurs de l’économie solidaire définissant la construction socio économique des projets (hybridation des ressources et modes d’organisations) ont été des éléments structurant le sens du projet et son appropriation par chacun.

En cette fin décembre 2006, on peut constater :

- la consolidation et le développement de structures et activités associatives du quartier, dont la boutique « Terroirs du Monde »,

- la structuration de deux projets de boutiques dans le centre commercial dont l’ouverture est planifiée pour 2007 (un restaurant et une boutique culturelle),

- l’avancée de projets concernant notamment une radio associative, un service d’aide aux aidants familiaux de personnes handicapées, un service d’animation culturelle…

- la création en décembre 2006 de l’association « Collectif EQUITESS » avec sa prochaine implantation dans un local du centre commercial.

On peut constater également localement une meilleure compréhension et lisibilité de l’économie solidaire et sa traduction an actions concrètes.

Ces projets et réalisations sont la conséquence du travail collectif et de mutualisation entre les acteurs, de l’implication de la Ville de Fontenay (élus et services), du soutien apporté par les services de l’Etat et du Conseil général (élus et services) ainsi que différentes institutions publiques et privées qui se sont ou vont se déterminer sur les soutiens financiers sollicités.

Les acteurs du projet EQUITESS et leurs partenaires principaux restent déterminés à poursuivre la dynamique du projet global et la structuration des projets particuliers. Dans ce sens, l’association « Collectif EQUITESS » récemment créée représente un outil précieux pour cette continuité, avec la volonté de prendre le « relais » de la mission d’expertise.

S’il peut compter sur les contributions volontaires du Crida, de Réseau 21 et de l’Adsp, il est devenu à présent à son tour « expert » pour mener à bien le devenir du projet, se positionnant pour être la structure transversale d’accompagnement et d’appui aux différents projets locaux afin de valoriser et continuer à développer le processus, la méthode d’accompagnement et de coopération mutuelle entre les acteurs du projet. Ce choix est déterminant pour garantir une continuité et un développement aux projets dans leur phase de réalisation. Il valorise, capitalise et pérennise la dynamique collective et la démarche méthodologique initiée ainsi que l’ensemble des moyens et ressources mutualisées entre les acteurs du projet.

Il importe que l’association « Collectif EQUITESS » puisse disposer de moyens pour réaliser cette mission, qui suppose le recrutement d’une équipe salariée d’ingénierie socio-économique coordonnant les aspects techniques, institutionnels, financiers et juridiques du projet et de son développement, équipe basée sur le quartier dans le centre commercial pour assurer également :

- la diffusion et la communication du projet auprès des habitants du quartier et de la ville ;

- la continuité d’une recherche action par la modélisation du projet local à partir des concepts socio économiques et de la méthodologie de projet dans le cadre de l’économie solidaire ;

- la formation des porteurs de projets ;

- l’évaluation du projet global et de ses impacts dans le cadre du développement social et économique local.

La notion d’accompagnement et d’animation du projet nous paraît fondamentale et essentielle dans le cadre de la mise en œuvre de nouvelles initiatives socio-économiques et leurs développements à long terme.


Les outils Juridiques et financiers

du projet « EQUITESS »

Structuration des projets au 31/12/2006 :

L’association « collectif EQUITESS »

La Boutique culturelle

Le Restaurant associatif et culturel


Les outils Juridiques et financiers du projet « EQUITESS »

Une des dimensions de la mission d’expertise était d’accompagner et former les membres du groupe opérationnel sur le plan des outils juridiques et financiers. Elle s’est appliquée plus particulièrement à la structuration des trois premiers projets avec leurs porteurs :

- le collectif EQUITESS, projet global du centre commercial des Larris,

- le transfert du restaurant Milonga,

- le projet de boutique culturelle.

Il s’agissait de proposer la forme juridique et le statut les mieux adaptés à ces projets et de valider leurs hypothèses financières.

EQUITESS

En 2006, en créant l’Association EQUITESS, les fondateurs ont choisi le statut d’association 1901 avec des personnes morales et des personnes physiques. Dans la période actuelle où Equitess joue un rôle de porteur de sens et d’apport de crédibilité politique au projet global, le statut d’association 1901 est apparu pertinent.

L’association 1901 permet en effet de capitaliser les soutiens des acteurs locaux et des réseaux de militants par des adhésions directes. Elle facilite également l’obtention de subventions de la part de l’Etat et des collectivités locales et territoriales et notamment la possibilité d’Emplois Tremplins du Conseil Régional Île de France.

Toutefois si, à moyen terme, EQUITESS doit jouer en plus du rôle de porteur de sens celui de « manager » du centre commercial solidaire, voire à plus long terme de « franchiseur » d’un concept qui pourrait se diffuser, au niveau national, dans d’autres quartiers sensibles, le statut d’association 1901 pourrait devenir restrictif.

Il serait possible alors d’y ajouter un statut de société commerciale coopérative qui pourrait être, au choix :

Une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) soit en SARL (jusque 49 associés), soit en SA (à partir de 7 associés)

L’intérêt de ce statut récent (créé en 2001) consiste surtout dans la possibilité pour les collectivités locales et territoriales d’y être sociétaires dans un collège qui peut détenir au maximum 20% du capital, mais qui peut apporter des comptes courants supplémentaires. Deux collèges sont obligatoires : celui des salariés et celui des usagers. Il est possible de créer d’autres collèges comme les outils financiers solidaires (Cigales, Garrigue), les fondations, voire des entreprises, des fournisseurs…

L’outil SCIC est cependant un outil de démocratie économique complexe qui nécessite un équilibre harmonieux entre ses différentes composantes. Selon nous, dans le cas d’EQUITESS, son choix serait judicieux s’il recueillait l’adhésion effective du Conseil Régional, du Conseil Général et de la Municipalité.

Enfin, il doit obtenir l’agrément du Préfet qui l’accorde ou non en fonction de son appréciation sur l’utilité sociale du projet.

L’Union d’Economie Sociale (UES) coopérative SARL ou SA,

Elle peut être une alternative au cas où la SCIC s’avérerait impossible ou difficile à monter. L’UES est une sorte de GIE de l’économie sociale ; elle regroupe des structures de l’économie sociale : associations, mutuelles, coopératives, fondations (Collège A), et des structures classiques ainsi que des personnes physiques (Collège B). Quelle que soit la répartition et la détention du capital, le collège A détient au moins 66% des droits de vote à l’Assemblée Générale. On peut donc imaginer une UES qui regrouperait l’ensemble des acteurs et commerçants du centre commercial ainsi que ses sympathisants, mais dont la majorité resterait aux mains des fondateurs du projet d’économie solidaire. L’UES comme la SCIC peut bénéficier en tant que société coopérative des Emplois Tremplins du Conseil Régional Île de France.

L’UES et la SCIC sont des sociétés commerciales qui doivent équilibrer leurs comptes par la vente de biens et de prestations de services. Elles se situent dans le secteur marchand même si elles ont une vocation solidaire et alternative.

LE RESTAURANT MONTEVIDEO-MACONDO

Il ne s’agit pas d’un nouveau projet, mais du déménagement dans un local du centre commercial des Larris de l’activité restauration de Milonga. En plus des motivations idéologiques, solidaires et affectives des dirigeants de l’association MONTEVIDEO de rejoindre le collectif EQUITESS et d’implanter un restaurant traiteur d’une surface de 110 m2 au centre commercial des Larris, ce transfert repose sur une logique économique pertinente.

En effet, leur implantation actuelle à Milonga est coûteuse en loyer, limitée en surface et en couverts et risque de ne plus correspondre tout à fait aux normes exigées de la réglementation pour la cuisine, les toilettes et l’installation électrique.

Un déménagement aux Larris procure un nombre de couverts deux à trois fois plus élevé, une installation des cuisines aux normes actuelles et la possibilité d’avoir une activité de traiteur plus importante et plus régulière. Par contre, un investissement important en matériel, aménagement et décoration des locaux est indispensable. Nous suggérons un emprunt sur 5 ans (période des Emplois Tremplin) pour financer ces investissements, au taux de 4,5% l’an. Cet emprunt pourrait être obtenu auprès d’une banque mutualiste avec une garantie de France Active, qui pourrait être également sollicitée pour un apport associatif en haut de bilan.

Pour valider le compte d’exploitation prévisionnel des deux premiers exercices, nous sommes partis sur une hypothèse basse : un chiffre d’affaires identique à celui de Milonga avec une croissance de 20% par an sur 5 ans (activité restauration midi et soir + traiteur).

Côté emplois, nous prévoyons 3 postes subventionnés comme Emplois Tremplins.

Pour pérenniser l’activité, il paraît indispensable, lors des 2 premiers exercices, de payer uniquement les charges et de bénéficier d’un loyer gratuit, puis de payer progressivement un loyer en année 3, 4 et 5. En année 5, l’équilibre économique devrait donc être conforté, avec un investissement financé et un loyer raisonnable compte tenu de la superficie et de l’environnement.

L’aide au démarrage par des fondations semble réaliste et il est indispensable. En plus de la Fondation de France, d’autres fondations pourraient être intéressées par la démarche du projet : Fondation EDF Agir pour l’Emploi, Chèque-Déjeuner, Macif…

Le statut associatif ancré dans une démarche de solidarité locale et internationale peut être conservé. Pour lui donner tout son sens, il conviendrait de proposer l’adhésion à l’association aux clients habitués du restaurant et insister sur le caractère associatif désintéressé de l’activité pour mieux fidéliser les consommateurs et les inciter à devenir des « ambassadeurs » de Montevideo.

Une autre alternative juridique est possible sous forme de SCOP SARL si les salariés le souhaitent.

On pourrait imaginer un capital détenu majoritairement par les trois salariés (Emplois Tremplins) et minoritairement par une Cigale dédiée et par la coopérative de capital-risque solidaire « Garrigue ».

LA BOUTIQUE CULTURELLE

Il s’agit un lieu de vente de 100m2 de produits issus de trois associations :

- Terroirs du Monde

Association qui dispose d’un magasin de commerce équitable déjà implanté aux Larris. Elle prévoit de vendre dans la boutique des articles d’artisanat utile qu’elle ne peut stocker dans son magasin actuel. Celui-ci sera réorienté vers la vente de produits alimentaires prioritairement.

- Niaso-Event

Association spécialisée dans la vente de tissus et de vêtements principalement en coton équitable produits au Mali et transformés aux Larris.

- Kaloumba

Association qui propose des animations à partir de jeux traditionnels Elle pourra fabriquer des jeux sur commande et les vendre dans la boutique.

Pour fonctionner, le magasin devra être suffisamment achalandé (d’où un stock à financer au départ) et régulièrement renouvelé ; il devra être beau, accueillant et cohérent dans sa décoration. L’accueil convivial et professionnel de la clientèle constitue un facteur-clé de la réussite du projet. Pour attirer une clientèle locale et régionale, le magasin devra être ouvert 5 à 6 jours par semaine avec une amplitude horaire importante.

La Boutique Culturelle emploierait 2 personnes polyvalentes :

- un(e) gestionnaire-vendeur

- une vendeuse-couturière qui serait issue de Niaso-Event

Ces deux personnes devront connaître parfaitement les produits des 3 associations. Compte tenu de l’amplitude horaire d’ouverture, la vendeuse doit pouvoir coudre et fabriquer des vêtements sur place lorsqu’il n’y a pas de client dans le magasin. Leur pourvoi en Emplois Tremplins du Conseil régional favoriserait la montée en charge progressive de l’activité.

Pour le fonctionnement juridique et comptable, nous avons validé 3 hypothèses :

- Hypothèse 1 : pas de structure dédiée

Le magasin est géré directement par Niaso-Event pour les frais fixes de fonctionnement. Les produits de Terroirs du Monde et de Kaloumba restent leur propriété et sont mis en dépôt-vente à la Boutique Culturelle. Terroirs du Monde et Kaloumba sont sous-locataires, en fonction de la surface occupée et payent une commission à Niaso-Event en fonction des ventes effectives réalisées. Ce scénario protège chaque association en cas de difficulté économique et évite l’effet domino si la vente de produits est très inégale entre les 3 associations. La comptabilité est simple à mettre en place.

- Hypothèse 2 : création d’une fédération d’associations

Les 3 associations créent une entité juridique associative qui ne compte que 3 adhérents personnes morales : Terroirs du Monde, Niaso-Event et Kaloumba. L’association « Boutique Culturelle » achète pour son compte les produits aux 3 associations et les revend dans son magasin. Elle emploie les 2 personnes. Cette hypothèse est séduisante et met sur un pied d’égalité les 3 associations fondatrices qui s’engagent dans un processus gagnant-gagnant. Elle exige un fonctionnement au consensus et un accord au préalable sur le choix du gestionnaire responsable de la boutique culturelle et une vision commune sur le projet à moyen et long terme.

- Hypothèse 3 : création d’une société commerciale coopérative

Cette hypothèse sépare juridiquement les fonctions d’animation des 3 associations de l’activité marchande de produits et les protège donc de tout conflit avec l’administration fiscale. Elle permet également de constituer un capital avec le soutien d’outils financiers solidaires pour financer le stock de départ et les aléas de la période de démarrage. La coopérative pourrait être soit une UES articulée autour des 3 associations fondatrices, soit une coopérative de consommateurs basée sur les éco-consommateurs et les militants alter-mondialistes de la ville, mais aussi du département et de la région.

Pour établir les comptes d’exploitation prévisionnels, nous nous sommes basés sur les chiffres de vente d’articles d’artisanat en 2005 et 2006 de Terroirs du monde et nous avons procédé à une extrapolation, compte tenu de la superficie plus importante.

Kaloumba, lors de ses animations, a une demande constante d’achat de jeux traditionnels à laquelle elle ne peut répondre, pour le moment. Il lui faut surtout résoudre le problème de la fabrication ; elle devrait bientôt disposer d’un local de production. Nous avons donc estimé un chiffre d’affaires en fonction du temps disponible pour la fabrication de jeux.

Niaso-Event dispose d’un réseau de clients potentiels pour ses tissus africains ; elle doit également résoudre le problème de la fabrication de vêtements avec une ligne spécifique pour la mise en vente dans la boutique culturelle.

Il est nécessaire rechercher des financements pour le stock de départ et la décoration du magasin, par demande de subventions et soutien de fondations. Le loyer devrait impérativement être gratuit lors des 2 premiers exercices et rester limité ensuite.

Après une période de test de 2 ans, la boutique culturelle, pour se pérenniser, devra passer à une vitesse supérieure grâce à une fabrication de jeux à temps plein de Kaloumba avec l’embauche d’une personne et à des évènements organisés par Niaso-Event hors les murs de la boutique culturelle pour faire connaître sa ligne de vêtements. La vente par Internet à partir du 3° exercice paraît judicieuse pour atteindre un rythme de croisière équilibré.


Collectif Equitess

Association Loi 1901

Assemblée générale constitutive le jeudi 9 novembre 2006

En cours de déclaration à la Préfecture du Val-de-Marne

Siège

Centre commercial des Larris à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).

Objet

L'association a pour but de valoriser la démarche participative des habitants et des acteurs locaux dans la construction d'un pôle d'activités liées à l'économie solidaire au coeur du centre commercial des Larris. L'objectif majeur du collectif est de renforcer la cohésion sociale sur l’ensemble du territoire fontenaysien.

Composition

Association composée de personnes morales.

Moyens d’action

Les moyens d'actions du collectif sont notamment :

- l’accompagnement des projets portés par ses membres,

- la mutualisation des savoirs, compétences et moyens de ses membres et de toute personne désireuse de contribuer au projet,

- les conventions de partenariat passées avec l’Etat, les collectivités, les associations et organismes,

- la contribution aux initiatives touchant à la rénovation urbaine, au développement social, économique et culturel des quartiers, à même de promouvoir l’économie solidaire,

- le recours à des personnels salariés si nécessaire…

…et tous autres moyens que le collectif jugera utiles à l'accomplissement de ses buts dans le respect des lois et règlements en vigueur.

Ressources

Les ressources du collectif se composent :

- des subventions que pourront lui accorder l'Etat, les collectivités publiques, les fondations…

- des contributions volontaires valorisées telles que le bénévolat de ses membres, la mise à disposition de locaux ou de matériels, le détachement ou le prêt de personnel…

…et de toutes autres ressources autorisées par les textes législatifs et réglementaires en vigueur.

Membres fondateurs

Ce sont les associations suivantes :

- J’en Zay en Vie

- Kalumba

- Montevideo

- Niaso Event

- Nuevo Concepto Latina

- RIP

- Terroirs du Monde

Représentation

Jean-Philippe Gautrais, Président (Terroirs du Monde)

Sokhona Niakate, Vice-présidente et Secrétaire (Niaso Event)

Vincent Houis, Vice-président et Trésorier (Kalumba)

Activité

Poursuite de la dynamique du projet EQUITESS par le Collectif,

qui pourrait se doter d’un chef de projet salarié sur 2 années, mobiliser les contributions volontaires de ses membres pour réaliser, à partir du local dans le centre commercial :

- l’accueil et information des habitants du quartier et acteurs de Fontenay,

- l’accompagnement des projets des membres du collectif,

- l’animation, la coordination, l’organisation de soutiens techniques,

- la liaison avec commerces traditionnels…

Le collectif devrait également disposer d’un budget de fonctionnement, voir même d’un fond d’expertise mobilisable eu égard aux besoins du projet global ou des projets spécifiques.

Ouverture six jours sur sept en lien avec le restaurant et la boutique culturelle,

sous réserve d’aménagements sécurisants pour l’accès et pour l’ouverture en soirée.


Boutique Culturelle

Statut juridique

Associatif au démarrage, dénomination non encore arrêtée.

Trois structures associées : Terroirs du Monde, Niaso Event, Kalumba

Siège

Boutique du centre commercial des Larris

Objet

Mutualisation de moyens aux fins de diffusion et vente de textiles, vêtements et accessoires, jouets en bois, objets artisanaux, productions musicales et artistiques. Animation commerciale pour leur promotion et actions de sensibilisation.

Origine des produits

- vêtements confectionnés par Niaso Event, accessoires et textiles par des créateurs, artisans, tisserands du monde…

- jeux en bois fabriqués par Kalumba…

- productions musicales issues du quartier et de la ville…

- objets artisanaux diffusés par Terroir du Monde…

Clientèle visée

Particuliers, familles du quartier et de Fontenay…

Associations, collectivités et comités d’entreprises de Fontenay et au-delà…

Activité

Un emploi de vendeur créé (consolide les quatre emplois existants dans les trois associations).

Espace convivial, lieu de rencontre et d’accueil.

Ouverture six jours sur sept en lien avec Collectif EQUITESS et le restaurant,

sous réserve d’aménagements sécurisants pour l’accès et pour l’ouverture en soirée.

Prévision d’ouverture : second semestre 2007


Macondo

Restaurant associatif et culturel de l’association Montevideo

Statut juridique

Association existante

Siège

Espace restauration dans le centre commercial des Larris

Objet

Espace ouvert à tous proposant restauration et solidarité internationale dans un cadre convivial, organisant spectacles, expositions, rencontres avec des artistes… dans une démarche de mixité sociale et culturelle.

Clientèle visée

Service du midi en semaine : particuliers et actifs du quartier et de la ville, petits groupes…

Soirées et week-end : familles, groupes, sous réserve d’aménagements sécurisants pour l’accès et pour l’ouverture en soirée.

Activité

Trois emplois consolidés (cuisine, service, traiteur-livraison)

Accueil de stagiaires en formation professionnelle.

Ouverture six jours sur sept en lien avec le Collectif EQUITESS et la boutique culturelle.

Après-midi activités sociales et culturelles privilégiant les familles et habitants du quartier autour de goûters, rencontres, échanges...

Prévision d’ouverture : second semestre 2007

- préavis à donner dès signature d’un bail

- travaux d’aménagements salle, cuisine et extérieurs



[1] Commission européenne, 1995, Les initiatives locales de développement et d’emploi, Enquête dans l’Union Européenne, Bruxelles. Commission européenne,1996, Le premier rapport sur les initiatives locales de développement et d’emploi, Des leçons pour les pactes territoriaux et locaux pour l’emploi, Document de travail des services de la commission, Bruxelles.

[2] Ibid., 1995, p. 78.

[3] Polanyi K., Arensberg C., (sous la direction) 1975, Les systèmes économiques dans la théorie et dans l’histoire, Paris : Librairie Larousse.

[4] LAVILLE J.-L., (sous la direction de), 1994, L’économie solidaire, une perspective internationale, Paris : Desclée de Brouwer, réédition 2000.

[5] Gardin L., 2006, Les initiatives solidaires, la réciprocité face au marché et à l’État, Ramonville : Editions Eres.

[6] Chambre de commerce et d’industrie de Paris, 2004, Quelle dynamique commerciale pour Fontenay-sous-Bois ?, p. 99